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Exte Hair extensions - 2007
Origine : Japon
Genre : fantastique
Réalisé par Sono Sion
Avec Chiaki Kuriyama, Ren Osugi, Megumi Sato, Tsugumi, Eri Machimoto, Miku Sato.
En ouvrant un conteneur à lodeur suspecte, trois veilleurs de nuit découvrent... des cheveux, une quantité énorme de cheveux dégageant des fragrances nauséabondes. Tandis quils sinterrogent, une tête émerge, celle dune femme visiblement décédée, tenant à la main une petite clochette. Emmenée à la morgue et soumise au médecin légiste, elle se révèle couverte de cicatrices et vidée de ses organes, probable victime dun trafic infâme et dune chirurgie atroce et mortelle à fin non thérapeutique mais de pure exploitation mercantile.
Employé de la morgue, Yamakazi est de prime abord un peu simplet, parlant à "ses" cadavres et reniflant leurs cheveux avant de les couper quand ils lui plaisent. Avec cette inconnue dont la chevelure jaillit de toute part (des orbites oculaires, des cicatrices ouvertes, des oreilles, ...) il trouve la quintessence de ce quil recherche : la crinière humaine idéale, à la repousse infinie. Ni une ni deux, il lemporte chez lui, dans sa demeure étrange qui ressemble plus à lantre dun fétichiste quà une maison normale : partout, des têtes de mannequins aux coiffures différentes, des poupées aux longues chevelures enfermées dans des cages à oiseaux, mais aussi des jouets, tel un kart à pédales quil utilise parfois comme un grand gosse. Yamakazi est un timbré de première vendant occasionnellement à des salons de coiffure de vrais cheveux humains, servant à faire des extensions pour répondre à la mode du moment.
Parallèlement à ce début morbide, on découvre Yuko, une jeune femme pleine de vie aimant rire avec sa colocataire Yuki, se déplaçant à vélo tout en décrivant le monde qui lentoure, sextasiant de la beauté des paysages, de la mer et des collines, et qui pédale avec énergie pour se rendre au salon de coiffure où elle est apprentie : le salon Gilles de Rais. Choix étrange que ce nom, associant un endroit censé rendre plus beaux ses clients à un noble français du quinzième siècle à la réputation sulfureuse, accusé notamment de nombreux meurtres denfants...
Yuko est heureuse, Yuko est souriante, mais Yuko est bien embêtée lorsquelle se retrouve avec la petite Mami dans les jambes. Mami est sa nièce, la fille de sa demi-sur, une trainée vulgaire et égoïste qui se débarrasse de sa progéniture pour mieux soccuper de son amant aux allures de truand de bas-étage. Mami est timide et toujours prête à sexcuser et Yuko comprend rapidement pourquoi : elle est couverte de bleus, de traces de coups : cest visiblement une enfant battue, soumise aux caprices de sa mère et de son concubin. Une petite victime.
Un cinglé à la demeure envahie de cheveux qui poussent sans cesse du corps dun cadavre à lil mort, duquel perle parfois une larme de tristesse infinie ; une jeune femme aux ambitions raisonnables : devenir coiffeuse ; une gamine perdue dans un monde dadultes violents : cest le trio de personnages qui va mener le film en se croisant une première fois, puis une seconde, avant de se réunir pour un final étonnant. Le tout autour de phénomènes incroyables et mortels dus à des extensions de chevelure réalisées à laide des cheveux de linconnue du début. Des extensions de cheveux qui vengent sa mort affreuse par des actes défiant lentendement.
Ne coupons pas les cheveux en quatre et disons-le clairement : loin dêtre une fable échevelée, Exte est un peu tiré par les cheveux, sans pour autant les faire se dresser sur la tête. Le début est très prometteur, avec cette étrange cargaison doù un corps apparaît, dont on se demande sil est encore vaguement en vie ou sil est vraiment mort. La suite à la morgue confirme cette inquiétante étrangeté qui lentoure. Une larme coulant de son il pourtant éteint, on peut même penser à une histoire de revenant, à moins quil ne sagisse que dune illusion partagée avec le doux-dingue (en apparence) Yamakazi.
Le contraste est dautant plus fort avec le monde de Yuko qui respire la joie de vivre, le lien avec celui de linconnue morte, douloureux et violent, se faisant par le biais de la petite Mami, prise en étau entre son univers enfantin et la brutalité de son environnement familial. Yamakazi est fasciné par les cheveux de Yuko et de Mami tout comme par cette toison à la pousse incessante dans laquelle il se complaît. Fantasque, il porte une salopette sur laquelle sont fixés dénormes badges affichant un smiley et le symbole pacifiste. Mais sa vraie nature est presque aussi monstrueuse que celle du cadavre avec lequel il vit. Amoureux dune morte et fétichiste du poil de tête, il dissémine les extensions de cheveux maudits aux quatre coins de la ville, provoquant des désastres capillaires et surtout quelques fins atroces.
Après le bon début, donc, le rythme chute malheureusement, les histoires de Mami et de sa mère indigne nétant guère passionnantes. Mais les premières manifestations du cheveu vengeur arrivent à temps pour relancer lintérêt du spectateur, permettant aussi de comprendre un peu mieux ce qui arriva à la belle inconnue grâce à un flash-back vécu de lintérieur par une coiffeuse envoûtée et frappée de visions dhorreur.
Le film avance comme ça, sur deux pattes un peu boiteuses, lune trébuchant sans cesse et plombant un peu lambiance tandis que lautre propose des petits sommets dune horreur atypique où les yeux se couvrent de poils, où les corps se retrouvent suspendus au plafond par des nattes immenses, où une masse compacte et chevelue envahit les logis, tantôt calme et presque reposante, tantôt animée dune fougue vengeresse et sans pitié.
Cette inégale tension ferait presque décrocher le spectateur trop exigeant. Ce serait dommage car la dernière partie est franchement réussie grâce à une montée en puissance dans le délire paroxystique parcourue dun humour noir réjouissant, qui avait déjà fait mouche dans des séquences précédentes. Yamakazi, interprété par Ren Osugi (vu notamment chez Kitano) présente une double, voire une triple face réellement inquiétante : employé faussement apeuré devant les policiers, gentil allumé proposant des extensions de cheveux aux salons de coiffure, mais fou délirant et limite nécrophile chez lui. Yuko (Chiaki Kuriyama, Ju-On The Grudge mais aussi Kill Bill) est une jeune femme incarnant la vie, double positif en quelque sorte de linconnue morte. Mami est un peu lentre-deux : enfant retirée en elle et en souffrance dun côté, écho de celle du cadavre sensible, mais aussi gamine aux désirs enfantins, Yuko en miniature pourrait-on presque dire.
Long-métrage inégal mais plutôt bon réalisé par Sono Sion (Suicide Club, Norikos Dinner Table, Love Exposure), Exte vaut le détour pour son univers unique (y a-t-il eu dautres films avec des "cheveux de la mort qui tuent", si jose dire ?) et quelques séquences vraiment étonnantes et visuellement très réussies. Si ce nest lun ou lautre plan aux effets spéciaux un peu moyens, dans lensemble ils servent très bien lintrigue et donneraient presque aux chauves une vraie raison de se réjouir de leur calvitie !